Comment éviter la bigorexie ? car s ‘investir pleinement dans une activité sportive, repousser ses limites et chercher à s’améliorer en permanence sont des aspirations communes à tous les sportifs, qu’ils soient amateurs ou professionnels. Cependant, lorsque ce besoin devient compulsif et irrépressible, il peut conduire à un trouble connu sous le nom de bigorexie. Quels sont les symptômes et quel traitement ? Dans ce cas, le sport cesse d’être une source de plaisir et devient une nécessité pressante, ce qui entraîne de la souffrance pour la personne concernée. Découvrez les symptômes et le traitement de cette pathologie.
Qu’est-ce que la bigorexie ?
La bigorexie peut être définie comme une préoccupation pathologique pour la minceur et la musculature. Les personnes atteintes de ce trouble cherchent à réduire au maximum leur masse graisseuse en intensifiant constamment leurs activités sportives. L’OMS reconnaît la bigorexie comme une maladie depuis 2011.
Selon le Centre d’Études et de Recherche en PsychoPathologie de Toulouse, la bigorexie se caractérise par un besoin compulsif et irrépressible de pratiquer intensivement et régulièrement une ou plusieurs activités physiques afin d’obtenir une gratification immédiate, en dépit des retombées négatives que cela peut avoir à long terme sur la santé physique, psychologique et sociale.
Le terme « bigorexie » est dérivé de « big », qui veut dire gros ou grand en anglais, et de « orexia », terme grec qui se réfère à l’appétit. Il se traduit par une alimentation riche visant à augmenter la masse musculaire. Cette pathologie est désignée par différents noms, tels que l’addiction au sport, la dépendance à l’activité sportive, le trouble de l’exercice physique compulsif ou encore l’addiction à l’exercice. La bigorexie est classée parmi les addictions comportementales, c’est-à-dire les dépendances sans substance.
Souvent, ce trouble est déclenché par une combinaison de facteurs génétiques, sociaux et psychologiques. La pression sociale pour se conformer aux normes de beauté dominantes joue un rôle important dans le développement de cette pathologie. En outre, l’insatisfaction personnelle, la dépression et l’anxiété peuvent contribuer au développement de la bigorexie.
Par ailleurs, le rôle des endorphines est souvent associé à l’origine de cette pathologie. Ces opiacés naturels produits par le cerveau lors d’un exercice musculaire induisent une sensation de bien-être, se traduisant par une diminution de la douleur, des effets anxiolytiques et euphorisants. Les personnes dépendantes du sport rechercheraient cet état spécifique induit par les endorphines.
Quels sont les symptômes de la bigorexie ?
La bigorexie se manifeste par une série de symptômes qui rappellent ceux associés à d’autres dépendances telles que le tabac ou l’alcool. Les personnes atteintes de bigorexie montrent des signes de dépression lorsqu’elles tentent de se sevrer de leur activité sportive intense et compulsive. Ce sevrage s’accompagne souvent d’un isolement social, voire d’une perte d’emploi, ainsi que de difficultés familiales pouvant aller jusqu’à la séparation ou au divorce.
Le principal symptôme caractéristique de la bigorexie est le désir intense, voire compulsif, de s’adonner à une activité sportive. Le sujet augmente progressivement le temps consacré au sport, quitte à reléguer sa vie personnelle et professionnelle au second plan.
Des comportements obsessionnels liés au physique, au poids et aux performances sportives sont fréquemment observés chez les personnes souffrant de bigorexie. L’arrêt brutal de l’activité sportive déclenche des symptômes de manque tels que l’irritabilité. De plus, la recherche perpétuelle du dépassement des limites peut entraîner des blessures physiques graves et irréversibles. D’autres symptômes sont le sentiment persistant de ne pas pouvoir arrêter le sport, la ritualisation ou la répétition obsessionnelle de certains gestes liés à l’activité physique. Ainsi, la bigorexie représente une menace sérieuse pour la santé mentale et physique des personnes concernées, qui nécessite une prise de conscience et une prise en charge appropriée.
Quel traitement pour la bigorexie ?
Le traitement de la bigorexie peut s’avérer complexe, en grande partie parce que de nombreux patients ne sont pas conscients de leur problème. La prise de conscience de la maladie est la première étape essentielle vers la guérison, mais c’est aussi souvent la plus difficile à franchir.
Le fait que de nombreux patients soient convaincus que leur comportement est correct et sain constitue un défi supplémentaire. Cette conviction peut rendre difficile le fait de les persuader de chercher de l’aide et d’adhérer au traitement. Par ailleurs, l’utilisation prolongée de stéroïdes anabolisants peut constituer également un obstacle à la guérison, car ces substances peuvent avoir des effets secondaires graves et à long terme.
Le soutien de la famille et des amis joue un rôle crucial dans ce processus. Ils peuvent aider la personne bigorexique à comprendre les conséquences négatives de son comportement et l’inciter à chercher de l’aide.
La bigorexie, à l’instar d’autres formes d’addiction, nécessite une prise en charge spécifique, impliquant une thérapie adaptée dispensée par des médecins spécialisés en addictologie et des psychologues. L’objectif de ce traitement n’est pas l’abstinence, mais plutôt la réorientation du comportement par rapport à l’activité sportive, afin d’éviter de mettre en danger la santé physique.
En outre, la psychothérapie, en particulier la thérapie cognitivo-comportementale, peut s’avérer utile dans le traitement de la bigorexie. Ce type de thérapie vise à enseigner à la personne comment identifier et gérer les pensées déformées et les comportements dysfonctionnels liés à son trouble.
Dans tous les cas, la nature de l’intervention dépend des répercussions physiques, sociales et relationnelles de l’addiction. Les patients doivent être suivis sur une longue période, avec une progression graduelle vers les objectifs fixés. La prise en charge peut être individualisée, collective ou une combinaison des deux.
En règle générale, le traitement médicamenteux est réservé à la prise en charge des manifestations psychiatriques liées à l’addiction, telles que les troubles anxieux ou la dépression. Dans certains cas, une assistance sociale est également indispensable lorsque la dépendance physique a des conséquences financières ou compromet l’insertion professionnelle.
En résumé, la bigorexie est une maladie qui nécessite une prise de conscience et une intervention précoce. Ce trouble, souvent déclenché par des pressions sociales et des facteurs psychologiques, peut avoir de graves répercussions sur la santé mentale et physique. Le traitement, qui fait appel à la sensibilisation, au soutien social et à une thérapie adaptée a pour but de réorienter le comportement du sportif sans compromettre sa santé. Un traitement individualisé et progressif est essentiel pour prévenir les conséquences dévastatrices de cette addiction comportementale.